vendredi 31 mars 2017

Dictature municipale à Hénin-Beaumont...


Dans mon post de mardi j'évoquais, exemples à l'appui, les mesures anti-démocratiques prises par la majorité frontiste d'Hénin-Beaumont, "dignes des pires dictatures". Et je citais la chasse aux associations "mal pensantes",  l'idéologie frontiste instillée dans une gestion partisane insupportable,  une liberté d'expression bafouée, une communication de propagande, la terreur comme mode de gestion du personnel communal... 
"Tout ce qui est excessif est insignifiant" écrivait un commentateur, probablement frontiste, à la suite de ce post. J'étais déjà interloqué que l'on puisse minimiser ces atteintes aux valeurs républicaines, mais, hier, on avait confirmation d'un nouveau coup porté, cette fois-ci, au droit syndical, symbole de l'expression des salariés.  
Le maire avait demandé la révocation de la fonction publique territoriale de René Gobert, secrétaire général de la CGT des Territoriaux d'Hénin-Beaumont. Le Conseil de discipline de la FPT avait été saisi et avait transformé cette révocation en blâme. Malgré cela, un arrêté de révocation avait été adressé au syndicaliste. Certes, le maire n'est pas tenu par l'avis du Conseil. Par contre, il le sera par le conseil de discipline de recours, situé auprès du centre de gestion qui a été saisi. A noter que ce type de décision d'un maire contournant l'avis de l'instance officielle est très rare. La rapidité de la décision de S. Briois, sans attendre le recours, reflète bien le peu de considération du FN pour les syndicats "qui ne lui mangent pas dans la main".
Bien entendu, je soutiens René Gobert et lui souhaite bon courage pour la suite des événements.
Je confirme donc que la ville d'Hénin-Beaumont est gérée de façon dictatoriale et que son objectif est bien de faire cesser toute contestation : les tentatives de mise au pas des associations, de l'opposition, du personnel communal et de la presse sont des exemples de ce qui pourrait se passer au plan national au cas où le FN emporterait la présidentielle... 






jeudi 30 mars 2017

M. Le Pen sera-t-elle mise en examen avant le 23 avril prochain ?

Rien à ajouter à ce qui suit, sauf que l'on s'étonnera quelque peu de la mansuétude accordée jusqu'à présent à MLP par rapport au traitement réservé à F. Fillon. 


Affaires du FN : les documents qui accusent Marine Le Pen

Des documents trouvés au siège du Front national, et consultés par « Le Monde », font état de la volonté du parti d’extrême droite de se financer grâce au Parlement européen.

LE MONDE | 29.03.2017  Par Olivier Faye et Piel

Le 16 juin 2014. Voilà près de trois semaines que le Front national a remporté une victoire sans précédent aux élections européennes. Vingt-quatre députés issus du parti d’extrême droite siègent au Parlement européen, constituant la première délégation française à Strasbourg. Mais en même temps que cette expansion électorale, le FN a vu ses dépenses augmenter dangereusement au cours des derniers mois. A tel point que son trésorier, Wallerand de Saint Just, prend la plume, ce jour-là, pour alerter sa présidente, Marine Le Pen.
« Ma chère Marine, voici les comptes 2013 et une présentation un peu différente faite par moi-même. En 2013, les dépenses ont été mensuellement de 100 000 euros plus élevées que prévu », commence l’ancien avocat. Les « réceptions », les « voyages » ou encore les « congrès-manifestations » ont connu une augmentation en flèche. « Ces postes sont difficiles à contrôler », s’alarme le trésorier. Fort heureusement, Wallerand de Saint Just, homme de confiance de la présidente, a une solution toute trouvée. « Dans les années à venir et dans tous les cas de figure, nous ne nous en sortirons que si nous faisons des économies importantes grâce au Parlement européen et si nous obtenons des reversements supplémentaires. »
Ce courriel, saisi par les enquêteurs lors des perquisitions menées au « Carré », le siège du Front national, à Nanterre, les 17 février 2016 et 20 février 2017, fragilise la défense du parti d’extrême droite, qui est accusé d’avoir détourné des fonds européens pour financer son train de vie. D’autres documents comptables saisis sur le bureau de M. de Saint Just sont à l’avenant. Plus de dix d’entre eux, dont certains remontent à 2012, mentionnent les expressions « économies dues aux députés européens » ou « économies avec européennes ».
Le 21 mai 2014, à la veille du premier tour des élections européennes, le trésorier du FN envoie une lettre à Cotelec, le microparti de Jean-Marie Le Pen, pour demander un apport en argent frais. « Je vous propose de nous prêter aujourd’hui 1 500 000 euros. » Et de poursuivre : « Un nouveau point devra être fait lorsque les économies réalisées après l’élection européenne seront chiffrées exactement et lorsque les nouveaux reversements seront mis au point. »
Système « frauduleux »
Selon un rapport de synthèse transmis par les policiers aux magistrats, en décembre 2016, « l’étude des documents découverts dans le bureau de Wallerand de Saint Just (…) faisait ressortir la mise en place d’un système frauduleux, impliquant plusieurs cadres du Front national. Ainsi, il apparaissait que, depuis 2012, le FN avait pour leitmotiv, par l’intermédiaire de ses cadres et sur avis de sa présidente, la volonté de réaliser des économies grâce aux financements du Parlement européen. » Contacté, l’ancien avocat a refusé de commenter. De son côté, Marine Le Pen a expliqué, mercredi, au Monde : « Il y a eu un certain nombre d’économies car un certain nombre de cadres sont devenus députés européens. »
Ce système, qualifié de « frauduleux » par les enquêteurs, est dûment illustré. Dans la foulée de l’Office européen de lutte antifraude (OLAF), qui a déjà produit un rapport accablant pour le parti lepéniste, les enquêteurs français ont examiné scrupuleusement la situation des assistants parlementaires frontistes, et pointent du doigt plusieurs exemples édifiants.
Charles Hourcade, assistant parlementaire local de la députée Marie-Christine Boutonnet, et graphiste au siège du Front national, en est un. Entre le 1er septembre 2014 et le 28 février 2015, l’intéressé a perçu de Mme Boutonnet un salaire brut mensuel de 4 064 euros. Cette dernière a transmis quelques justificatifs pour le travail présumé de son assistant « se résumant à des copies d’écran de sites Web, [qui] ne pouvaient formellement attester de la participation et de l’intervention de l’assistant aux travaux européens de sa députée », écrivent les policiers français.
Et, malgré le fait que M. Hourcade ait déclaré un domicile situé à plus de 600 km de son lieu de travail – Albi (Tarn) pour l’un, Boulogne-Billancourt (Hauts-de-Seine) pour l’autre –, l’intéressé n’a jamais demandé de remboursement de ses frais de déplacements auprès du Parlement européen.
Les enquêteurs ont par ailleurs eu la surprise de découvrir que ce dernier n’a eu aucune communication téléphonique avec sa députée durant la période de son contrat au Parlement européen. L’homme n’a récupéré le numéro de Mme Boutonnet que trois semaines après le début de son contrat.
« Usage abusif de fonds »
Plus cocasse encore, lorsque l’assistant veut mettre la main sur son contrat de travail ou ses bulletins de salaire, il passe par l’intermédiaire d’une autre assistante parlementaire, Jeanne Pavard, alors proche de Wallerand de Saint Just. Et c’est à Florian Philippot, vice-président du FN chargé de la communication, son supérieur hiérarchique au sein du parti, qu’il s’adresse pour obtenir une augmentation de la part de son employeur. « Je n’ai constaté aucune revalorisation salariale sur mon bulletin de salaire du mois de février. Qu’en est-il, as-tu eu le temps d’en parler avec Marie-Christine Boutonnet ? Je te remercie de me confirmer que le montant de mon salaire sera modifié (revalorisé), comme convenu, pour le mois de mars », écrit ainsi Charles Hourcade par mail au bras droit de Mme Le Pen, le 13 mars 2015.
Autant d’éléments qui pourraient, selon les enquêteurs, « caractériser la nature fictive » de ce contrat et « l’usage abusif des fonds versés par le Parlement européen ». M. Hourcade a été mis en examen le 10 mars pour recel d’abus de confiance. Contacté par Le Monde, il n’a pas donné suite.
Laurent Salles, un autre assistant, de Louis Aliot cette fois, a lui aussi été épinglé. Salarié entre le 1er juillet 2014 et le 28 février 2015, il a simplement indiqué aux enquêteurs de l’OLAF qu’il était en charge de l’agenda du compagnon de Mme Le Pen. Pour autant, aucun courrier ou mail entre les deux hommes n’a été retrouvé. Et ils n’ont échangé qu’un seul SMS sur toute la période. Là aussi, M. Salles exerce d’autres fonctions au FN : outre celles de conseiller municipal de la ville de Suresnes depuis mars 2014, il est l’assistant de Yann Maréchal-Le Pen à la délégation générale des grandes manifestations du parti. Le tout pour un salaire brut mensuel de 2 650 euros… Soit le même que celui qu’il touchait au Parlement européen. Contacté, M. Salles n’a pas répondu aux sollicitations du Monde.
Cet exemple s’ajoute à celui de Catherine Griset, chef de cabinet de Marine Le Pen, qui a été mise en examen pour recel d’abus de confiance, le 22 février. Comme une vingtaine d’autres assistants, la justice française lui reproche d’avoir été indûment salariée par le Parlement. Dans son cas, elle bénéficiait d’un poste d’assistante accréditée à Bruxelles alors qu’elle n’aurait exercé en réalité des fonctions que pour le FN en France. Selon le rapport de l’OLAF, « entre septembre 2014 et août 2015, Mme Griset n’aurait passé que 740 minutes dans les locaux du PE [Parlement européen] à Bruxelles, son lieu d’affectation ».
Depuis plusieurs semaines, les services du Parlement ponctionnent la moitié de l’indemnité parlementaire de Mme Le Pen pour obtenir le remboursement des salaires de Mme Griset, indûment versés selon l’institution. Cinq autres députés frontistes – Bruno Gollnisch, Jean-Marie Le Pen, Sophie Montel, Dominique Bilde, Mylène Troszczynski – sont aussi concernés par des remboursements. La somme totale due au Parlement, et donc aux contribuables européens, s’élève à 1 106 307 euros.


mercredi 29 mars 2017

3 ans de FN à Hénin-Beaumont !

Le mandat de la municipalité FN d'Hénin-Beaumont court depuis 3 ans et c'est le moment d'en faire un bilan. L'objectivité est difficile en la matière, et si je pense que ce bilan est négatif, vous n'êtes pas obligés de me croire, bien entendu. 

J'ai donc emprunté une partie de mon post au reportage effectué par le site DailyNord, dont j'ai déjà écrit qu'il faisait un travail de qualité dans le Nord-Pas-de-Calais, sur le sujet de la politique locale. L'abonnement est de 5 euros par mois et chaque article peut s'acheter 1 euro. Pour cette raison, on ne peut reproduire leurs textes que partiellement. Concernant le bilan à mi-mandat de la majorité héninoise, voyez http://dailynord.fr/2017/03/henin-beaumont-que-retenir-des-trois-premieres-annees-de-mandat-de-steeve-briois/

(En rouge, ci-dessous, vous trouverez mes emprunts à l'article de DailyNord.)

Bien sûr, la ville n'a pas sombré dans le chaos. Il était difficile de faire pire que ce qu'avait connu Hénin-Beaumont depuis 14 ans : un maire, Gérard Dalongeville, qui avait géré la ville en dépit du bon sens, si ce n'est dans le sens de son intérêt personnel, ruinant la ville malgré l'augmentation drastique des impôts locaux, aujourd'hui encore très élevés par rapport aux villes de même taille (26 000 habitants). Une succession difficile pour l'équipe de quasi-néophytes de 2009 à 2014, qui ne sut pas rétablir la confiance avec la population et dont le seul mérite fut d'appliquer les "conseils" du Préfet, véritable purge budgétaire qui a laissé la ville sans moyen financier disponible. Le nettoyage des finances aurait dû profiter aux successeurs FN, mais pendant ces trois premières années de mandat, ils n'ont, pas plus que leurs prédécesseurs, mis un seul projet en route. Bien entendu, le maire se targue d'avoir résolu le fardeau des emprunts toxiques : or, si solution il y eut, c'est grâce au gouvernement honni de F. Hollande qui a mis en place un fonds de soutien aux nombreuses collectivités concernées. En aucun cas, la mairie FN ne peut se prévaloir de son propre mérite dans la résolution de ce problème...

Les frontistes, qui ont concentré leurs cadres à Hénin-Beaumont, sont plus dans une gestion que dans un véritable élan pour la ville.« Ça reste quand même du pain et des jeux, et de la poudre aux yeux », juge Alain Alpern, blogueur bien connu de la place héninoise (et ancien vice-président écolo du socialiste Daniel Percheron à la Région). « On ne va pas faire une tour Eiffel quand même, répond l’adjoint à la communication héninois. Nous assumons notre politique de proximité, et avons bel et bien des projets pour les trois années à venir, après trois ans à faire le ménage et réorganiser les choses ». Or, des projets, personne n'en a vu les prémisses. Certes, cette majorité municipale a mis l'accent sur les réjouissances populaires qu'elle a su gérer, dans la démagogie propre au FN. Et ce n'est pas un mince paradoxe de dire que, depuis près de 10 ans, aucun projet structurel n'a été engagé dans la ville, mais une partie des habitants, qui avait, à juste titre, reproché cette apathie à la majorité précédente, n'en a cure aujourd'hui et garde les yeux de Chimène pour ceux qu'elle a élus il y a 3 ans...
Outre le populisme affiché comme principe de gestion de la relation aux habitants, d'autres mesures (inquiétantes car elles préfigurent ce que pourrait être une gestion de la France par le FN !) portent le sceau du FN :
Dans l’ouvrage qu’elle a publié récemment (“Nouvelles du front”), (la conseillère municipale d'opposition) Marine Tondelier, évoque aussi la culture de la terreur à la mairie où le moindre like sur une « mauvaise » page Facebook peut causer des problèmes.
- la chasse aux associations "mal pensantes" : la LDH virée de son son local, le Secours Populaire privée de Marché de Noël, celles dont les subventions sont pesées à l'attitude politique de leurs responsables...
- l'idéologie frontiste instillée dans une gestion partisane insupportable : une crèche installée dans la mairie (il a fallu que le conseiller communiste David Noël aille jusqu'en appel pour faire annuler cette décision), un arrêté anti-rom (annulé par le Tribunal administratif), la Charte "Ma commune sans migrant" lancée nationalement par S. Briois, le maire, adoptée à HB alors qu'il n'y a aucun migrant dans cette ville !
- une liberté d'expression bafouée et digne des pires dictatures :  avec l'insupportable boycott de La Voix du Nord, coupable d'avoir annoncée son inquiétude face aux scores élevés du FN. Avec des conseils municipaux, où l'opposition se voit moquée, voire ridiculisée, où les micros sont coupés, les quolibets et huées du public tolérés, voire encouragés... "Des relations qui frisent le despotisme", selon DailyNews qui ne s'y est pas trompé...
- une communication délirante : "Sur les réseaux sociaux, notamment le Facebook de Steeve Briois (mais aussi "La Voie d'Hénin", site émanant de la mairie, aux écrits orduriers et dégradants ), on laisse libre cours aux commentaires nauséabonds et insultants Le journal municipal (véritable instrument de propagande payé par les contribuables !) rappelle sans cesse qui sont les ennemis avec une insistance qui ne prête même plus à sourire.

Il y a beaucoup de raisons de s'inquiéter d'un nouveau mandat du FN à HB, en 2020. L’opposition actuelle peut-elle y changer quelque chose ? Derrière David Noël et Marine Tondelier, elle paraît bien fragile. Aucune figure n’émerge réellement face à Steeve Briois et consorts. « Il faudra peut-être un parachutage, analyse Alain Alpern. Quelqu’un de neuf, qui pourrait par exemple sortir avec la possible victoire de Macron à la Présidentielle ? »  Trois ans, c’est court. Et c’est long à la fois pour rebattre les cartes. Et en matière de parachutage, rien n’est jamais gagné d’avance : en 2012, Jean-Luc Mélenchon, venu pour les législatives, s’y était bruyamment cassé les dents.
Dans l'optique d'une défaite annoncée de M. Le Pen aux présidentielles et aux législatives, la victoire d'un homme comme Macron, plus consensuel que Hamon, Fillon et Mélenchon, pourrait permettre à une personnalité sachant réunir et porteuse d'un espoir pour l'avenir, d'être une opportunité pour mettre fin au cauchemar que représente le FN pour une partie grandissante de la population...
Quant au parachutage, le FN multiplie ce type de candidature : MLP en est un exemple, mais plusieurs adjoints héninois sont des parachutés, peu présents dans la vie quotidienne de la cité...  

mardi 28 mars 2017

Pour qui vote "la majorité silencieuse" ?

Qui est la majorité silencieuse, aujourd'hui ? Est-ce celle qui a peur de répondre aux sondeurs qu'elle votera Le Pen ? Ou est-ce celle qui ne dit mot et qui, à l'instar de mai 1968, ronge son frein, en a ras-le-bol du chahut des extrêmes et votera classiquement droite, centre ou gauche ? Suivant le cas, le FN serait, soit au-delà des 25% affichés par les instituts de sondage, soit en deçà de ces 25%... 

« Y aurait-il sous-estimation du vote pour le Front national ? »
Dans sa chronique, Benoît Hopquin, directeur adjoint de la rédaction du « Monde », s’interroge sur les intentions réelles de cette soi-disant majorité silencieuse.

LE MONDE | 27.03.2017


CHRONIQUE. 
Un doute, un terrible doute : Marine Le Pen ne peut être si bas dans les sondages… Les instituts, en leur sapience et leurs échantillons représentatifs, le soutiennent pourtant, tous unanimement et mordicus. Un quart des électeurs français lui accorderaient leur suffrage. Tantôt un léger quart, tantôt un gros quart, selon arrivages d’IFOP et consorts. Ne serait-ce pas plutôt un quart qui serait un tiers, à la manière de la recette du mandarin citron de Raimu dans Marius. Non ! Un quart, solide, inexpugnable, mais un quart seulement. C’est trop, et trop peu. On veut dire que c’est trop pour le citoyen, mais trop peu pour l’observateur.
Affres de perplexité, poison du soupçon. Comment y croire vraiment de ce qui se voit à la télévision, plus sûrement encore, de ce qui s’entend dans la rue et aux tables familiales, de ce qui se braille à tue-tête au bar et, à la tienne, Etienne, sur les réseaux sociaux ? Un quart, un quart de rien du tout ? Est-ce possible ? Il y a cette actualité qui fredonne, refrains anxiogènes après couplets déprimants, une vilaine chanson. Il y a ce qui transparaît des doctes études d’opinion, montrant une majorité de Français paumés par la société comme elle va, ou ne va pas. Difficile de ne pas voir cette crise économique et morale qui ronge le pays en son âme. De ne pas comprendre la colère que génère cette campagne, avec ses affaires taillées sur mesure comme costards pour le discours des démagogues.

« Fluctuat nec mergitur »
Stupidité d’ignorer cette masse déjà immense et toujours grandissante d’oubliés de la mondialisation et de la béatitude parisienne. De ne pas mesurer la peur au ventre les bataillons d’électeurs desperados qui pensent, à tort ou à raison, n’avoir rien à perdre si ce n’est rien à gagner à l’extrême droite. De tout ça et de tant d’autres choses, la France semble bien promise au Front national comme Jeanne d’Arc au bûcher. L’air du temps, celui qui est inscrit au-dessus de cette chronique, celui qu’on hume à pleins poumons en ces remugles nauséabonds, ne peut qu’augurer un triomphe de la Marine.
Et pourtant, un quart… 25 %, plus ou moins des brouettes, des pouièmes. Vague après vague, les sondages réduisent le vote FN aux proportions d’un fort clapot. Nul raz-de-marée, nulle déferlante à l’horizon d’avril et de mai qui drosserait notre République vers des côtes inconnues. Juste une houle qui fera tanguer le rafiot France et donnera le mal de mer à ses passagers. Fluctuat nec mergitur, le reste ne serait que littérature.
Les sondeurs – Ah, madame Michu, les sondeurs ! – ne feraient-ils pas preuve du même aveuglement que leurs pairs anglais ou américains, l’an passé ? La même fausse manip’ qu’ils firent lors de la présidentielle de 2002, puis du référendum européen de 2005 ? Y aurait-il anguille sous roche et cagade dans le questionnaire ? Sous-estimation d’un vote comme un péché par omission ? Ou bien traîtrise, scélératesse, réserve cachée de l’extrême droite, tapie parmi les abstentionnistes comme au fond d’un bois, cavalerie prête à fondre, à prendre à revers les pronostics ? Possible.

Piège
A moins qu’il n’y ait une autre explication, insaisissable, évanescente, fumeuse, on en convient : la majorité silencieuse. L’expression est née à droite, on le sait, en réaction à l’assourdissante cacophonie de Mai 68. Pompidou, après Nixon, sut la populariser en ces années où la gauche, plus encore l’extrême gauche, parlaient haut, gueulaient fort, saturaient l’espace public de leurs slogans et certitudes. Face à cette minorité agissante se dressait en son marmoréen mutisme la majorité silencieuse.
Aujourd’hui, elle est rebaptisée la « France périphérique », la « France profonde » ou la province. Elle serait le « pays réel », du moins tel que rêvé par les candidats. Elle est, comme le rappelait François Fillon au Trocadéro, « une certaine idée » pour homme politique dans le besoin. Pour les sociologues, elle est fantasme plus que réalité. Elle est vox populi et en même temps foule aphone. Elle est bonne pâte, en tout cas. Depuis toujours, on lui fait dire ce qu’on veut à la majorité silencieuse, cette grande muette.
La clameur, elle, a changé de bord depuis cinquante ans. Les primes vérités, les évidences sont désormais vociférées par l’extrême droite. Cette parole dite « libérée » est devenue si tonitruante qu’on la jurerait majoritaire. En bien des endroits du pays, elle n’est pas seulement dominante : elle est devenue exclusive. C’est le piège de la grande gueule. On n’entend qu’elle, donc elle se croit toute seule.
On se souvient de cette scène observée dans un petit restaurant du Quesnoy, dans le Nord. Une tablée exprimait bruyamment ses convictions frontistes, emplissait l’espace de ses profondes considérations. Le patron et les autres clients restaient muets, la tête dans leur assiette.
N’était-ce pas elle, la majorité silencieuse ? Ne serait-ce pas ceux qu’on vit, ou plutôt ne vit pas, un soir d’élection municipale, à Saint-Gilles, dans le Gard, en 2014. Ils venaient d’infliger un anonyme camouflet à Gilbert Collard, qui se voyait déjà dans ce fauteuil de maire que ses omniprésents soutiens lui promettaient à cor et à cri. On devina les mêmes à Carvin, dans le Pas-de-Calais, l’année suivante, faisant barrage au même FN, pour qui le canton était gagné d’avance. Dans les deux cas, ils ne pavoisèrent guère, au soir de leur victoire, ces électeurs taiseux. Ils retournèrent à leur non-existence. Il en fut de même lors des élections régionales dans les Hauts-de-France ou en PACA : des bulletins plus que secrets privèrent encore l’extrême droite d’un triomphe annoncé.

Loin des foules hurlantes des meetings, ils existeraient donc, ces passagers clandestins de la démocratie, armée des ombres faite de bric et de broc, de gauche et de droite. Des gens fâchés contre le système, comment ne pas l’être ?, mais plus encore contre les idéologies par trop gaillardes. Peut-être est-ce cette France-là, ces trois quarts-là, que les sondages parviennent seuls à faire parler. Peut-être.

lundi 27 mars 2017

Sortir de l'Europe : M. Le Pen nous raconte encore des sornettes !

Interrogée dans l'émission "Bourdin 2017" sur "RMC" et "BFMTV" (qu'elle avait pourtant juré de boycotter !), Marine Le Pen a répété son souhait d'organiser un référendum sur la sortie de l'Union Européenne et de la zone euro...
Elle tente d'influencer les électeurs en leur faisant croire que la procédure sera aussi simple que celle qui a été suivie en Grande Bretagne : question posée aux électeurs (oui ou non pour un Frexit ?), puis avis du Parlement...
Mais il en va tout autrement en France... En effet, l'appartenance de la France à l'Union Européenne est inscrite dans la Constitution. Il n'est pas possible de poser une simple question par référendum... il faut soumettre un projet de loi sur lequel le peuple sera amené à se prononcer.
Philippe Blacher, professeur de Droit à l'Université Lyon 3, précise que si l'article 11 de la Constitution permet bien au président de la République, ou bien à un cinquième des membres du Parlement soutenus par un dixième des électeurs, de soumettre par référendum un projet de loi "portant sur l'organisation des pouvoirs publics, sur des réformes relatives à la politique économique, sociale ou environnementale de la nation et aux services publics qui y concourent, ou tendant à autoriser la ratification d'un traité"...
Cet article 11 " NE PRÉVOIT PAS DE SE DÉFAIRE D'UN ENGAGEMENT INTERNATIONAL " !
Ainsi un référendum ne pourrait être organisé sur la sortie de l'UE au risque d'être anticonstitutionnel !
Pour sortir la France de l'Union européenne, il faudrait donc modifier la Constitution, plus précisément son titre XV, qui inscrit la participation de la France à l'Union Européenne. La modification de la Constitution est évidemment prévue par celle-ci, dans son article 89, "mais les conditions sont très lourdes", précise Philippe Blacher.
Il faut obtenir au moins les 3/5èmes des votes du Parlement (Assemblée Nationale + Sénat) réuni en Congrès, soit 555 voix ! Comment le FN pourrait-il obtenir ces votes avec quelques députés FN éventuellement élus en juin, et ses... deux sénateurs ?
Sortir de l'Union européenne est donc pratiquement impossible, juridiquement et politiquement. 
Encore un mensonge de la part du FN : mensonge volontaire ou incompétence ?

dimanche 26 mars 2017

Le FN veut la presse à sa botte !

Jeudi 23 mars, France 2, dans son émission "Complément d'enquête", a consacré son numéro au sujet : "Médias : menteurs ?"
Les chapitres suivants ont été évoqués :
- La Voix du Nord fait front., 
- RT News, Sputnik TV : la voix de son maître ? 
- Fakr News : fausses infos et vrais bénéfices.

Vous trouverez, ci-dessous, le reportage concernant Hénin-Beaumont sur la guerre entre la mairie FN et La Voix du Nord :

J'attends toujours que les médias français se solidarisent avec le quotidien régional, objet de toutes les attaques "violentes et vicieuses" de la part de la mairie à majorité d'extrême droite.

samedi 25 mars 2017

Exclusif : l'entretien Poutine/Le Pen

Le président russe, Vladimir Poutine, et la candidate du FN à l’élection présidentielle française, Marine Le Pen, au Kremlin le 24 mars.





 Photo :MIKHAIL KLIMENTYEV / SPUTNIK / AFP


"Moins de quatre semaines avant le premier tour de l’élection présidentielle en France, Vladimir Poutine a officiellement reçu pour la première fois au Kremlin, vendredi 24 mars, la candidate du Front national (FN), Marine Le Pen. Cette entrevue avec le président russe, qui ne figurait dans aucun agenda, s’est déroulée hors de toute présence de la presse étrangère. Seuls des médias russes y ont eu accès." ("Le Monde")

Exclusif ! J'ai pu me procurer des enregistrements de cet entretien qui a, quand même, duré 1h30... En voici les "meilleurs moments" :

MLP : Tovarich (camarade) Vladimir, merci pour ton accueil. Je ne suis pas venue ici pour quémander un réaménagement de mon prêt de 9 millions qu'une banque russe m'avait obligeamment accordé, je tiens à le souligner. Mais parce que je veux témoigner toute mon amitié à la Russie et à son grand président.
Poutine (VP) : Marion, je veux dire Marine, ou comme on dit chez nous : Marinekaîa, je suis très heureux de te rencontrer. Je sais que tu représentes un spectre politique en Europe qui croît rapidement. 
MLP : Camarade Tovarich, je veux dire : camarade Vladimir... Je suis honorée que tu acceptes de me rencontrer. J'ai une admiration sans borne pour ce que tu as fait de la Russie. Tu as su raisonner les médias et ceux qui ne sont pas d'accord avec toi, dans ce beau pays démocratique qu'est la Russie éternelle.
VPComme tu le sais, ma krassivaya (belle) Marina, je veux faire cesser le boycott de la Russie par l'Europe et ses alliés...
MLP : Je le sais, Poupou. Izvinite (excusez-moi) pour ces mots intimes qui sortent de ma bouche, mais je me sens en confiance avec toi...
VP : Vodka, sertse maïyo (mon cœur) ?
MLP : Non, spasibo (merci).
MLP : Si je suis élue présidente, je rétablirai toutes les relations commerciales avec la Russie. Cela me sera possible car je ferai sortir la France de l'Union européenne...
VP : Ma porte te sera toujours ouverte, tu le sais...
MLP : Comme nous allons également sortir de l'euro, il est possible que nous ayons, temporairement, quelques soucis d'ordre financier. Pourrais-je compter sur toi ?
VP : Bien sûr... Combien te faudra-t-il ?
MLP : Quelques centaines de milliards d'euros, je ne sais exactement. Mais cela ne durera pas longtemps.
VP : Je veillerai personnellement à ce qu' une de nos banques fasse le nécessaire... Un taux d'intérêt de 7/8%, cela irait-il ?
MLP : Merci Poupou...
VP : Par contre, je mettrai une condition à cette aide. Il faudra quitter la coalition internationale contre la Syrie et nous rejoindre, Assad et moi... Cela ne pose pas de problème ?
MLP : C'est dans l'intérêt de tous de lutter contre le terrorisme islamiste et j'en fais mon combat prioritaire.
VP : Au fait, votre Fillon... 
La conversation devient inaudible pendant quelques minutes...
VP : Je suis d'accord avec toi...
MLP : Que cela reste entre nous, bien sûr...
MLP : C'est ma 4ème visite en votre grand pays et je dois dire que je n'ai jamais été déçue, Vladimir !
VP : Da Fstrechi (à bientôt), ma chère Marion... Marine, voulais-je dire !

vendredi 24 mars 2017

La onzième circonscription du Pas-de-Calais

Les 11 et 18 juin prochains auront lieu les élections législatives, soit 5 semaines après les présidentielles. Concernant la 11ème circonscription du 62, celle d'Hénin-Beaumont, je me suis inspiré de l'article de DailyNord sur le sujet : http://dailynord.fr/2017/03/onzieme-circonscription-du-pas-de-calais-linconnue-marine-le-pen/ (lecture payante). 
On se souvient que la précédente élection, en 2012, avait vu s'affronter Jean-Luc Mélenchon et M. Le Pen à l'issue d'une campagne "épique", relayée par les médias nationaux et même internationaux (je me souviens d'entretiens avec des journalistes japonais, danois...). Mais c'est le maire de Carvin, Philippe Kemel, candidat du PS qui terminait second au premier tour, derrière MLP qui caracolait en tête (42%), et l'emporta de 118 voix au second tour. A noter que JL Mélenchon, qui avait fait une belle campagne, avait dit aux habitants qu'il ne les oublierait pas et qu'il s'investirait sur le territoire. Il n'a pas dû retrouver le chemin depuis 5 ans, puisque personne ne l'a aperçu, depuis...

Comment se dessine l'élection 2017 et quels en sont les candidats potentiels ?

- Au FN, on fait semblant de ne pas évoquer sa candidature, tout en maintenant l’ambiguïté sur l'éventuelle présence de M. Le Pen. On comprend d'ailleurs que le parti d'extrême droite surfe entre deux eaux. D'un côté, les victoires de Briois, dès le premier tour, aux municipales de 2014 à Hénin, les deux cantons héninois emportés aux départementales de la même année, le score record du FN dans la même ville aux régionales de 2015 (59,36%) après les 53,49% des européennes, et ce, dès le premier tour dans les deux derniers cas. Sans parler des résultats dans les autres villes, par exemple à Carvin (dont le maire est le député Kemel), deuxième ville de la circonscription (48,40 % au premier tour des régionales)... D'un autre côté, tout est lié aux présidentielles : si MLP l'emportait le 7 mai (hautement improbable), elle ne se présenterait pas aux législatives, bien entendu. Si elle était battue, pourrait-elle risquer une seconde défaite, alors que son leadership dans le parti pourrait être remis en cause du fait de l'échec de sa ligne politique face à une opposition interne menée par sa nièce, adversaire résolue de la "dédiabolisation" du parti ? Il est donc à prévoir que MLP ne viendra pas faire prospérer le potentiel électoral frontiste dans la 11ème circonscription. Qui alors ambitionnerait de se présenter ? Christopher Szczurek, la trentaine, semble bien placé. Cet ancien électeur de Laguiller et Valérie Létard (UDF), adjoint à la culture à HB, conseiller départemental, membre du comité central du parti, celui qui avait manifesté contre la présence de JM Le Pen au second tour de la présidentielle de 2002 a toutes les chances d'être le candidat frontiste en l'absence de M. Le Pen, comme évoquée ci-dessus. A-t-il une chance de l'emporter ? Il est quasiment inconnu en dehors d'Hénin, mais suivant l'expression, "même un chien sans chapeau", mais estampillé FN, a des chances de l'emporter, dans un secteur où ses origines polonaises sont un atout important...

- Le député sortant socialiste a, contre lui, l'inconvénient de porter une étiquette politique fortement décriée (et c'est un euphémisme !), d'avoir voté toutes les lois fortement critiquées et imposées par l'utilisation du 49-3, d'avoir soutenu la candidature Valls jusqu'à son ralliement final au "frondeur" Hamon, désigné lors de la primaire de son parti. Bref, un "sortant" qui aura du mal à s'en sortir...
- Marine Tondelier, EELV, opposante municipale à Hénin-Beaumont, également la trentaine, n'a aucune chance sauf si elle réussit à rallier, sous son panache vert, les autres candidats de gauche... Hautement improbable, malheureusement...
- Jean-Pierre Carpentier prendra la place de JL Mélenchon. Outre l'image d'abandon laissée par le candidat de "la France insoumise", suite à son apparition fugace de 2012, il ne bénéficiera pas du soutien du PC comme lors des précédentes législatives et, n'étant pas connu, son résultat sera plus que décevant...
- Les communistes présentent l'ex-suppléant de JL Mélenchon, Hervé Poly. Homme d'appareil (secrétaire fédéral du parti), il pâtit, en sus, de la descente aux enfers de son parti...
- On annonce, par ailleurs,  la candidature de Jacques Nikonoff, ancien président d'ATTAC. 

- La droite a, depuis quelques dizaines d'années, été quasiment absente du paysage politique du secteur. "Alexandrine Pintus a été désignée par Les Républicains pour monter en première ligne sur ces terres de mission à l’instar d’autres audacieux sur les circonscriptions voisines. Militante zélée de 25 ans qui a applaudi au meeting du Trocadéro, cette sarkozyste, féministe raisonnée, épouse la cause de François Fillon,”le seul qui saura redresser le pays“, et se préoccupe des questions de sécurité et de lutte anti-terroriste non sans fustiger “certains journalistes et leurs articles mensongers” comme elle l’explique sur les réseaux sociaux" (DailyNord). Elle fera un score inférieur à 5%...

- Si Macron l'emporte aux présidentielles, Jean Urbaniak, maire de Noyelles-Godault, député éphémère en 1993, "ex-borloîste, Modem", doté d'une bonne image, pourrait, s'il se présentait et était investi par le mouvement "En marche", faire figure d'opposant principal au FN et l'emporter dans un éventuel second tour, tant il fait l'objet d'un consensus général...

En conclusion, en l'absence de MLP, le FN n'est pas sûr de l'emporter malgré un potentiel important. En cas de second tour, que ce soit contre le candidat d'"En marche" ou un éventuel candidat de gauche non PS, on peut penser que le FN ne vaincrait pas. Une triangulaire n'est pas envisageable, tant elle serait suicidaire... 

jeudi 23 mars 2017

Quand on vous dit que le FN nous ment...

https://www.youtube.com/watch?v=O9iYIntr1l8

Pour ceux qui n'arrivent plus à suivre les dévoiements de Fillon et Le Pen

Pour reprendre l'expression de JL Mélenchon, faisons fi de la "pudeur de gazelle" qui frappe, d'après les sondages, près de 45% des électeurs interrogés !
Voici ce que j'ai relevé dans le Canard Enchaîné du 22/3 :

1- Concernant F. Fillon
- concernant le marché conclu entre la société du milliardaire libanais (FPI) et celle de l'ex-premier-ministre de Sarko, 2F Conseil, outre la somme forfaitaire (50 000 dollars dans le cas de la rencontre avec Poutine, initiée par FF himself), il est prévu que "2F Conseil aura droit à un bonus de 1,5 à 2,5% sur les bénéfices". 
- "du 1/7/2012 au 30/11/2013, l'épouse du candidat (AA : Fillon) a cumulé deux salaires (tout à fait réels) pour deux emplois (présumés bidon) à plein temps : 151;67 heures par mois à l'Assemblée, et tout autant à la "Revue des deux mondes", soit plus de 300 heures par mois ! Problème : le règlement du Palais-Bourbon limite à 180 heures le cumul d'emplois pour  ses salariés."
- "les magistrats ont fait leur miel des résultats de la perquisition du château familial. Dans cette humble masure (3000 m2 de plancher), les poulets ont eu accès, le 3 mars, à toutes les archives de la vie des Fillon et rangées avec un soin méticuleux depuis des dizaines d'années. Mais pas le moindre bout de papier, pas la plus petite trace d'une activité professionnelle de Pénélope..."
- "les magistrats ont, par ailleurs, quelques questions à poser au milliardaire (AA : Marc Ladreit de Lacharrière, patron de la 3revue des deux mondes", employeur de Pénélope F) sur la rapidité avec laquelle il a obtenu, grâce à Fillon, sa grand-croix de la Légion d'honneur (le grade le le plus élevé de l'ordre, dont le nombre de titulaires est limité à 75 par la loi). En moyenne, l'âge des nouveaux décorés tourne autour de 82 ans. Mais Ladreit de Lacharrière, lui, a décroché cette breloque à 70 ans seulement. Un record : ces dernières années, seul un autre civil a obtenu ce privilège à un âge aussi juvénile, mais il s'agissait de la codécouvreuse du virus du sida et Prix Nobel de médecine, Françoise Barré-Sinoussi. "

2- Concernant le Front national
 Sous le titre "Débandade frontiste en Paca", voici ce qu'on peut lire :
" Au FN, on se prépare à virer en tête au premier tour de la présidentielle, et personne n'a envie de gâcher la fête en abordant certains sujets délicats. Pourtant le Front connaît de sérieux ratés dans le Sud. Une étude, très complète, réalisée par l'AFP cet automne, révèle que 28% des conseillers municipaux élus en mars 2014 ont déjà quitté les rangs du parti.
La crise est particulièrement vive dans les Bouches-du-Rhône, où 40% des élus ont claqué la porte. En cause : le comportement de Stéphane Ravier, le sénateur-maire des XIIIe et XIVe arrondissements de Marseille. "Le Dictateur nord-phocéen", comme l'appellent ses opposants (AA : par analogie avec le dictateur nord-coréen...), a vissé ses troupes si durement qu'un groupe dissident a vu le jour au sein du conseil municipal de Marseille. Sous l’œil ahuri des autres partis, on s'écharpe entre anciens camarades patriotes. 
Au Luc, on en est au troisième maire FN, les deux premiers ayant jeté l'éponge. 
La palme de la guignolade revient à Cogolin, record de France des démissions : 27 élus sur 33 ont déjà mis les voiles, et 7 remplaçants ont pris la place des partants. Mais le contingent s'épuise : si un seul élu s'en va, des élections s'imposeront, faute de substituts.
La situation n'est pas plus brillante dans les Alpes-Maritimes. Le FN niçois a implosé en 2014, après le parachutage de Marie-Christine Arnautu, une proche de Le Pen père, qui s'est révélée incapable de gérer le marigot. L'arrivée des identitaires- auxquels Marion Maréchal-Le Pen a offerts des places bien au chaud au sein de la région-, Philippe Vardon en tête-, a achevé de déboussoler les militants. A Nice, le FN n'a plus que 1 conseiller municipal (contre 7 en 2014), comme à Cannes (ils étaient 3 en 2014) ou à Mandelieu.
Pour décrocher des députés, le FN va pourtant avoir besoin de tous ses petits soldats."

mercredi 22 mars 2017

Assistants, parents, enfants, amants...

Il y a 3 ans (voir le texte ci-dessous), je m'étais interrogé sur l'utilisation des postes d'assistants parlementaires, à l'occasion d'une affaire que l'on a un peu oubliée (on se demande bien pourquoi ? ), celle de l'assistant parlementaire de M. Le Pen, qui cumulait collaboration et compagnonnage avec sa patronne (il s'agit de Louis Aliot). Le même cas existait pour le député de l'actuelle 11ème circonscription du Pas-de-Calais.
On notera également que les emplois présumés fictifs d'assistants parlementaires du FN à Bruxelles, qui travailleraient au siège du parti, ne sont pas un cas unique puisque le PS employait au siège de la Fédé 62 un assistant d'un parlementaire français. Il est probable que l'on trouverait la même situation ailleurs en France et dans d'autres partis...
Enfin, deux questions se posent : 
- S'il parait simple d'interdire l'emploi de proches comme assistants parlementaires, comment pourra-t-on prouver les liens extra-conjugaux entre un député (ou sénateur) avec son assistant (e) ?
-  Comment empêcher qu'un parlementaire fasse embaucher son proche (parent ou amant) par un collègue ? C'est ce qu'avait fait le FN au Parlement européen et aucune parade n'était prévue ? 

(Il est de la même urgence de) rendre transparent l'embauche des collaborateurs. Le parlementaire dispose d'un montant maximum pour recruter des assistants (nombre plafonné différemment dans chaque assemblée). Admettons qu'il puisse fixer les salaires comme bon lui semble (encore que l'on connait un député du 62 qui avantageait outrageusement sa maîtresse et le fils de cette dernière...), mais il faudrait que :

* soit réglementée la mise à disposition de salariés au parti politique du député ou du sénateur. Le plus souvent, il s'agit d'un assistant "détaché" au groupe politique parlementaire (qui dispose pourtant de moyens propres en ce domaine). Mais aussi d'assistants mis au service du parti politique localement. Ainsi la Fédération 62 du PS disposait, il n'y a pas longtemps encore, en son siège lensois, de mise à disposition partielle d'assistants de députés ou sénateurs. Je ne sais si cette pratique existe toujours et si les autres partis profitent également du système...

* soient connus les noms des collaborateurs et les fonctions des conjoints. Une loi d'octobre 2013 sur la transparence de la vie publique a été votée, permettant à la "Haute Autorité pour la transparence" de publier les déclarations d'intérêts des principaux élus français, où devront être renseignées les informations indiquées ci-dessus et seront disponibles fin juillet.  Nul doute que l'on pourra ainsi contrôler le travail des collaborateurs familiaux employés par les parlementaires. A noter que le Parlement européen interdit à ses députés d'employer des membres de leur famille, ce qui n'empêche pas les abus puisque M. Le Pen employait son compagnon comme assistant. L'exemple du député du 62 (maîtresse...), cité auparavant, prouve les limites de l'exercice...  


mardi 21 mars 2017

Sur le débat d'hier soir...

Au moment de faire un bilan du débat télévisé d'hier soir entre les 5 candidats à l'élection présidentielle, on est saisi de 2 types de doute :
- faut-il vraiment privilégier la forme parce que l'exposition des idées ne peut être que réduite vu le temps de parole accordé à chaque candidat (une trentaine de minutes chacun) ? Je réponds "oui" pour l'exercice auquel je vais me livrer...
- peut-on être objectif ? Non et je ne le revendique pas...

Le "spectacle" qui nous a été présenté était forcément tronqué, puisque seulement 5 des 11 candidats étaient présents, comme cela a été signalé par certains... 
Voici donc mes impressions, en prenant les candidats par ordre alphabétique :

- F. Fillon :  autant je pense que son programme est une caricature des propositions de droite dans ce qu'elles ont de plus libérales, autant je trouve qu'il fut hier soir au-dessus du lot, sur le plan de la forme: serein (et pourtant !), calme, expérimenté, il apparut comme ne pouvant être déstabilisé. Bien sûr, il fut aidé par l'absence de remarques sur les affaires qui le concernent... Je ne suis pas sûr, d'ailleurs, que, comme pour la candidate du FN, ce silence fut apprécié... Parler de mesures pour moraliser la vie publique quand on est soi-même concerné, peut sembler ubuesque... A noter que cette question ne fut curieusement pas posée à la présidente du parti d'extrême-droite, elle aussi empêtrée dans les affaires judiciaires. Oubli ou volonté ?

- B. Hamon : j'aime beaucoup sa vision de la société et la façon dont il l'a exposée m'a semblé claire. Par contre, je n'ai pas apprécié ses insinuations sur les donateurs de la campagnes d'E. Macron et ce dernier aurait dû lui faire remarquer que même des insinuations peuvent être diffamatoires. Il a eu quelques propos cinglants contre MLP, notamment quand il a déclaré qu'il savait qu'elle était grande lectrice de la rubrique "faits divers" des médias ! Il fut, en général, très offensif. Il me semble avoir donné une image de "présidentiable" que je ne lui connaissais pas jusqu'à présent. A part quelques escarmouches à fleurets mouchetés avec JL Mélenchon, les 2 hommes ont semblé vouloir éviter d'apparaître comme des adversaires... Il serait intéressant de voir un tête-à-tête entre les deux...

- M. Le Pen : je ne peux être objectif concernant cette personne que je considère comme mentant aux Français, à tout propos. Elle est apparue, un fois de plus, comme démagogue, se complaisant dans des considérations dont l'unique objectif est de brosser les électeurs dans le sens du poil. Peu crédible sur le plan économique (elle a, à peine, effleuré le sujet), elle s'est complu dans son discours sur l'incompétence des politiques en ressassant ses propos en direction de ceux qui souffrent le plus, prêts à écouter qui leur désignent des responsables, oubliant sa propre incompétence et ses propres turpitudes. Elle s'est comportée de façon condescendante vis-à-vis d'E. Macron en l'interrompant parce qu'elle prétendait ne rien comprendre à ce qu'il disait ! Il est vrai que son simplisme habituel la rend imperméable à des raisonnements un peu plus élaborés que les siens.

- E. Macron : assez discret au début du débat, il a pris de l'assurance par la suite. Cible des attaques de Hamon, Le Pen et Fillon, il a su rester calme. Amusant de constater que seul Mélenchon l'a ménagé (il lui a même proposé un débat sur les retraites) pour des raisons stratégiques (Macron prend des voix à Hamon)... Sa faiblesse (il n'a pas l'expérience de la politique politicienne) devient une force parce qu'il ne peut faire partie de cette classe politique qui a échoué, cible des attaques de MLP. A côté d'un vieux briscard,  roué, comme Fillon, il apparaît comme un jeunot... Face à MLP, il n'a pas eu froid aux yeux.  Il n'y a que contre les insinuations de Hamon qu'il n'a pas eu la répartie nécessaire... On pensait qu'il pourrait perdre des voix lors de ce débat inédit pour lui : je ne pense pas que ce fut le cas...

- JL Mélenchon : de loin le plus brillant de tous, mais on le savait... Un discours bien rôdé, des formules qui font mouche, un humour corrosif... tout y était ! Même ses remarques pendant les interventions de MLP étaient pertinentes, mais pas toujours audibles. Avec Hamon, et à un degré moindre avec Macron, son programme est écologique et social et ses positions sur le nucléaire sont clairs et non alambiqués... Personnellement, je n'ai pas bien compris ses raisons d'un rapprochement avec Poutine, comme me sont apparues peu claires ses explications sur les frontières à redessiner...
Comme on aimerait assister à un débat entre lui et MLP, afin de remettre en place cette dernière, ce qui n'est pas toujours aisé quand on est 5 comme hier soir...

lundi 20 mars 2017

François Fillon, un vrai Français, lui...

L'excellent site de recherche généalogique "Geneanet" vient de faire paraître des articles sur les ancêtres de candidats à la présidentielle (voir celles que j'ai publiées sur M. Le Pen et JL Mélenchon). 
Ci-dessous l'article concernant François Fillon, avec, en bleu, mes commentaires :
Les ancêtres de François Fillon sont originaires de cinq régions françaises (AA : des "Français de souche", pas comme les métis Le Pen et Mélenchon). La moins évoquée dans les médias, ce sont les Pyrénées-Atlantiques, dans une zone située à l’ouest d’Oloron Sainte-Marie dans les villages d’Esquiule, Montory et Issor, via les familles MIRAMONT, BEDECARRATZ, AROIX, LOUTRE. C’est son arrière-grand-père, Jean Loutre, qui va migrer vers la région parisienne au début du XXe siècle. Peintre en bâtiment, il épousera la fille d’un entrepreneur de peintures, Louis Médéric GAUDIN originaire d’Illiers-L’Êveque, dans l’Eure, venu s’installer à Clichy, en banlieue parisienne.
Lui-même migrant, il avait épousé une autre migrante, Bérénice Onésime DEBRAIZE, originaire du Havre et dont les ancêtres venaient de Seine-Maritime : Yvetot, Touffreville-la-Corbeline, Allouville-Bellefosse, etc. Parmi eux, diverses professions typiques des ouvriers au XIXe siècle : maçon, chauffeur-ferblantier, chaudronnier,  et une forte proportion d’ouvriers du textile : tisserands, fileuses, ouvrière en siamoise (AA : les siamoisiers étaient des tisseurs d’étoffes fines appelées « siamoises »). 
 
Son arrière-grand-père Pierre SOULET, était quant à lui originaire de l’Indre, plus précisément de Sassierges-Saint-Germain, à quelques kilomètres de Châteauroux, où tous ses ancêtres, simples paysans, étaient établis depuis deux siècles… jusqu’à ce que l’un des ancêtres de sa branche maternelle directe, la famille DESSOUBRAIS, se rattache à une noblesse qui s’était peu à peu appauvrie, (orthographiée alors de SOUBRAIS), et permette ainsi de remonter jusqu’aux siècles lointains grâce aux seigneurs du Cluseau. On trouve ensuite un conseiller du roi (AA : ce goût du pouvoir...), un procureur général, des chevaliers, et même le médecin des rois Louis XI et Charles VIII, un certain Adam Fumée né à Tours en 1430. Une étude plus approfondie de cette branche permettrait peut-être de se rattacher à la noblesse royale et de remonter vers les rois de France. AA : D'où peut-être cette envie "de se payer" un manoir...moins cher qu'un château 
Pierre Soulet étant valet de chambre, c’est sans doute en suivant son maître qu’il se retrouve dans la Sarthe, où il épouse Marie-Louise CADOR, originaire du village de Chérisay, un petit village au sud d’Alençon. De cette région, en descendant un peu au sud-est dans les communes de René, Champfleur, Courgains, Marolles-les Braults… on trouve des familles BIGOT, BERTHELOT, BOUET, RUEL, MOIRE, LALANDE, BISEUL, composées de journaliers ou cultivateurs… et même à partir du XVe siècle une autre branche noble, celle des de PUISAYE, seigneurs de Puisaye et des sénéchaux du Perche, qui nous mène ensuite rapidement vers… Guillaume le Conquérant, les rois d’Angleterre (AA : de là peut-être cette attirance vers le Pays de Galles, pays d'origine de Pénélope Fillon) et les rois de France. C’est d’ailleurs au Mans qu’est né l’ancien Premier Ministre, non loin du berceau de sa famille maternelle
Le reste des ancêtres de François Fillon est originaire, du côté de sa branche paternelle, de Vendée, dans une région située entre Cholet et la Roche-sur-Yon. Les villages les plus représentés dans sa généalogie sont La Flocellière, les Essarts, La Rabatelière, Saint-Michel-Mont-Mercure, les Brouzils… Les familles les plus représentées, FILLON, GIRARDEAU, DRAPEAU, AUDUREAU, GUERIN, GUERITEAU ou encore ROUSSELOT ou BRETIN, sont composées de cultivateurs ou de journaliers, mais aussi de nombreux métiers moins communs avant le XIXe siècle : aubergiste, farinier, sabotier, cerclier, maçon, maréchal-ferrant, tailleur (AA : tiens, tiens...), meunier… et restent de condition modeste.